CANCER DE LA PROSTATE
Ablation focale : la logique
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Tumeur maligne la plus fréquente chez l’homme, le cancer de la prostate, a un important impact socio-économique. Les traitements de référence vont d’une extrême à l’autre, puisque l’on ne disposait jusqu’alors que de la surveillance pour les tumeurs jugées à faible risque de progression, ou du traitement radical (chirurgie ou irradiation), la cible étant alors toute la prostate. Ces traitements, très efficaces sur le plan carcinologique, comportent des risques de séquelles sur les fonctions urinaire ou érectile, susceptibles de dégrader la qualité de vie (1, 2). De son côté, la surveillance d’une tumeur peu agressive, alternative séduisante au traitement radical (3) comporte le risque de voir apparaître des signes d’agressivité de la tumeur (4), qui imposeraient un traitement radical avec ses risques d’effets secondaires et de dégradation de la qualité de vie.
Entre ces deux extrêmes, un traitement intermédiaire mini-invasif appelé traitement focal, gagne une popularité croissante en Europe.
Le traitement focal qui consiste à utiliser un agent physique pour traiter de façon sélective la tumeur, sans incision chirurgicale, par une ablation ciblée, épargnant le reste de la glande (5). Localiser avec précision la tumeur est en effet devenu possible grâce aux progrès de l’Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM) (6). En ciblant la tumeur, on peut la biopsier et, dans un deuxième temps, la détruire par un agent physique en évitant un traitement radical (chirurgie ou irradiation). Le traitement focal ne comporte pratiquement pas de complication grave et ne dégrade pas la qualité de vie, car il ménage les structures responsables de la continence urinaire et de la fonction érectile.
Le traitement focal est donc théoriquement idéal pour les tumeurs faiblement agressives, car il supprime le risque de progression en débarrassant le patient de la tumeur et évite la morbidité des traitements radicaux.
Environ 30 % des patients nouvellement diagnostiqués d’un cancer de prostate sont éligibles pour le traitement focal. Nous avons un recul de 4 ans qui démontre que 80% des patients traités par cette méthode ont des biopsies de contrôle négatives à un an (Cornud et coll, Radiology, 2024). Dans les 20% restants, les biopsies montrent dans la moitié des cas un micro-foyer non visible à l’IRM, qui ne nécessite pas de traitement et qui peut être surveillé sans risque. Dans l’autre moitié des cas, une récidive est décelée dans le champ traité ou dans l’autre lobe de la prostate, à l’IRM et les biopsies ciblées. Un deuxième traitement focal est possible et, en dernier recours, on peut proposer un traitement radical.
Un registre européen
Nos résultats de l’ablation focale au laser interstitiel sont recueillis sur un registre européen (https://classic.clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT05163197) qui, s’ils se confirment à plus grande échelle, donnerait sa place à ce traitement entre la surveillance active et le traitement radical.